Los desertores sirios conforman un frente.
«La escisión en el seno del ejército sirio no será decisiva. No alcanzará para derribar al régimen. Desde hace veinte años, la mayoría de las personas admitidas en la Academia militar son miembros del partido Baas. La mayoría de ellos se mantendrán leales al régimen». En su piso de las afueras parisinas, los ojos clavados en al-Jazeera, que difunden continuamente las imágenes de las manifestaciones sirias, este general retirado prefiere mantenerse anónimo. No es miembro de la confesión alauita, la del régimen de Bachar el-Asad, que está a punto de recobrar Damasco. «A mi edad, no quiero terminar en prisión», se justifica.
Desde hace varios días, los desertores del Ejército sirio libre (ASL) intensificaron sus ataques contra el ejército regular del presidente Bachar. Después de haber reivindicado varias operaciones contra las fuerzas del régimen en la ciudad de Homs (centro), en Deraa (sur), la cuna de las manifestaciones y en la provincia de Idlib (noroeste), ellos dieron un gran golpe el miércoles pasado atacando, con la ayuda de lanzacohetes, un centro de los servicios de inteligencia y de contraespionaje de la fuerza aérea en Harasta, en el norte de Damasco. El ataque, el primero organizado por desertores contra un edificio gubernamental desde el comienzo del levantamiento en marzo, provocó 20 muertos. No ha sido lanzado al azar: «Era uno de los centros donde los opositores fueron torturados», explica por el teléfono, Ali, que coordina desde Turquía la defección de los oficiales sirios.
Osada, la operación ha sido criticada por una parte de la oposición y de la comunidad internacional, que temen que el conflicto degenere en una guerra civil. Este fin de semana, sin embargo, un nuevo asalto fue dirigido contra locales del partido Baas en la capital siria.
Fundado a fines de julio por Riad el-Assad, un coronel que ha desertado para protestar contra la represión llevada adelante por el ejército oficial, el ASL reivindica hoy contar con varios miles de hombres. Esta semana, anunció la creación de un consejo militar provisional que se puso como objetivo derribar al régimen, proteger a la población civil y prevenir la anarquía en Siria.
Las dudas de los oficiales.
Si se cree a los oficiales que lo dirigen desde Turquía, el ASL crece día a día. «Los casos de deserción se multiplican. Las defecciones se producen sobre todo en el seno de las unidades encargadas de la represión», explica el coronel Ayham al-Kurdi, responsable del ASL en la región de Hama, entrevistado a través de Skype en la frontera turca. Miembro de una unidad de defensa aérea, él desertó el 01 de junio, justo después de lo sucedido en Hamza, donde un joven de 13 años detenido en Deraa, fue torturado y asesinado por las fuerzas del régimen, transformándolo en el símbolo de la revolución siria. Él cuenta las dudas de los oficiales del ejército de Bachar. «Hace seis meses, todavía tenían la esperanza de poder detener las manifestaciones. Hoy, ya no. Ellos tienen miedo. Sin desertar, algunos comenzaron a trabajar para nosotros pasándonos información. Los oficiales sunnies han visto retirárseles sus armas».
Es del mismo parecer el teniente Basim al-Khaled, que desertó en junio después de que su regimiento hubiera cometido exacciones. Él deja regularmente Turquía para llevar adelante operaciones con el ASL. «Liberamos ciudades, pero no de forma permanente. Para proteger a los manifestantes e impedir a las fuerzas del régimen tirar contra ellos. Tan pronto como la manifestación finaliza, nos dispersamos con el fin de no provocar una guerra civil. Esta semana por ejemplo, impedimos al ejército penetrar en el Djebel Zeouia durante varios días. Continuaremos con esta táctica hasta que consigamos crear una zona de seguridad para el ASL en Siria», explica. En "contacto permanente" con "cuadros" del ejército oficial, él se siente optimista. «Los oficiales saben que no podrán continuar tanto tiempo. Ellos están dispuestos a desprenderse de Bachar el-Asad tan pronto como la ocasión se presente».
Otros están menos seguros de eso. Si es muy difícil conocer el número exacto de desertores, es fácil saber que grupos enteros del ejército sirio, particularmente los altos grados, que pertenecen a la misma confesión alauita que Bachar el-Assad, no están cerca de alejarse del poder. Es también el caso de la 4º División blindada, la unidad de élite compuesta por fieles del clan el-Assad, dedicada a la defensa del régimen y quien conduce una gran parte de la represión desde el comienzo de la revolución.
Si las deserciones se multiplican en la infantería y la artillería, la fuerza aérea quedó totalmente fiel al régimen. Desde la llegada al poder del padre de Bachar, Hafez al-Asad, un oficial de la fuerza aérea, el sector ha sido colocado bajo el control de la familia y del clan. «La fuerza aérea, es el reino de Bachar. Ella defenderá el régimen hasta el final. Los manifestantes temen que el régimen envíe sus aviones para dar jaquemate a la revolución», explica el general que no quiere dar su nombre, en las afueras parisinas. Es la razón por la cual numerosos opositores reclaman la instauración de una zona de exclusión aérea sobre Siria.
Fuente: Le Figaro por Isabelle Lasserre publicado el 22.11.2011
Les déserteurs syriens montent au front.
«La scission au sein de l'armée syrienne ne sera pas décisive. Elle ne suffira pas à faire tomber le régime. Depuis vingt ans, la plupart des gens admis à l'Académie militaire sont membres du parti Baas. Ils resteront pour la plupart loyaux au régime». Dans son appartement de la banlieue parisienne, les yeux rivés sur al-Jezira, qui diffuse en boucle les images des manifestations syriennes, ce général à la retraite préfère rester anonyme. Il n'est pas membre de la confession alaouite, celle du régime de Bachar el-Assad, et s'apprête à regagner Damas. «À mon âge, je ne veux pas finir en prison», justifie-t-il.
Depuis plusieurs jours, les déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont pourtant intensifié leurs attaques contre l'armée régulière du président Bachar. Après avoir revendiqué plusieurs opérations contre les forces du régime dans la ville de Homs (Centre), à Deraa (Sud), le berceau de la contestation et dans la province d'Idlib (Nord-Ouest), ils ont frappé un grand coup mercredi dernier en attaquant, à l'aide de lance-roquettes, un centre des services secrets et des renseignements de l'armée de l'air à Harasta, au nord de Damas. L'attaque, la première organisée par des déserteurs contre un bâtiment gouvernemental depuis le début du soulèvement en mars, a fait 20 morts. Elle n'a pas été lancée au hasard: «C'était l'un des centres où les opposants étaient torturés», explique, au téléphone, Ali, qui coordonne depuis la Turquie la défection des officiers syriens.
Osée, l'opération a été critiquée par une partie de l'opposition et de la communauté internationale, qui redoutent que le conflit ne dégénère en guerre civile. Ce week-end, cependant, un nouvel assaut a visé des locaux du parti Baas dans la capitale syrienne.
Fondée fin juillet par Riad el-Assad, un colonel ayant déserté pour protester contre la répression menée par l'armée officielle, l'ASL revendique aujourd'hui plusieurs milliers d'hommes. Cette semaine, elle a annoncé la création d'un conseil militaire provisoire qui s'est donné pour objectif de faire tomber le régime, de protéger les populations civiles et de prévenir l'anarchie en Syrie.
Les doutes des officiers.
Si l'on en croit les officiers qui la dirigent depuis la Turquie, l'ASL grossit de jour en jour. «Les cas de désertion se multiplient. Les défections ont surtout lieu au sein des unités chargées de la répression», explique le colonel Ayham al-Kurdi, responsable de l'ASL pour la région de Hama, joint par Skype à la frontière turque. Membre d'une unité de la défense aérienne, il a déserté le 1er juin, juste après l'affaire d'Hamza, ce jeune garçon de 13 ans arrêté à Deraa, torturé et assassiné par les forces du régime, qui est devenu le symbole de la révolution syrienne. Il raconte les doutes des officiers de l'armée de Bachar. «Il y a six mois, ils avaient encore l'espoir de pouvoir stopper les manifestations. Aujourd'hui, c'est fini. Ils ont peur. Certains, sans déserter, ont commencé à travailler pour nous en nous faisant passer des renseignements. Les officiers sunnites se sont vu retirer leurs armes».
Même son de cloche chez le lieutenant Basim al-Khaled, qui a déserté en juin après que son régiment ait commis des exactions. Il quitte régulièrement la Turquie pour mener des opérations avec l'ASL. «Nous libérons des villes, mais par intermittence seulement. Pour protéger les manifestants et empêcher les forces du régime de tirer contre eux. Dès que la manifestation est finie, nous nous éparpillons afin de ne pas provoquer une guerre civile. Cette semaine par exemple, nous avons empêché l'armée de pénétrer à Djebel Zeouia pendant plusieurs jours. Nous poursuivrons cette tactique jusqu'à ce que nous ayons réussi à créer une zone de sécurité pour l'ASL en Syrie», explique-t-il. En «contact permanent» avec des «gradés» de l'armée officielle, il se dit optimiste. «Les officiers savent qu'ils ne pourront pas continuer ainsi longtemps. Ils sont prêts à lâcher Bachar el-Assad dès que l'occasion se présentera».
D'autres en sont moins sûrs. S'il est très difficile de connaître le nombre exact de déserteurs, il est facile en revanche de savoir que des pans entiers de l'armée syrienne et notamment les hauts gradés, qui appartiennent à la même confession alaouite que Bachar el-Assad, ne sont pas près de lâcher le pouvoir. C'est aussi le cas de la 4e Division blindée, une unité d'élite composée de fidèles du clan el-Assad, dédiée à la défense du régime et qui conduit une grande partie de la répression depuis le début de la révolution.
Si les désertions se multiplient dans l'infanterie et l'artillerie, l'armée de l'air est restée entièrement fidèle au régime. Depuis l'arrivée au pouvoir du père de Bachar, Hafez al-Assad, un officier de l'armée de l'air, le secteur a été placé sous le contrôle de la famille et du clan. «L'armée de l'air, c'est le royaume de Bachar. Elle défendra le régime jusqu'au bout. Les manifestants craignent que le régime envoie ses avions pour mater la révolution», explique le général qui ne veut pas donner son nom, dans la banlieue parisienne. C'est la raison pour laquelle de nombreux opposants réclament l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.
Le Figaro par Isabelle Lasserre publié le 22/11/2011