Irán prepara una bomba nuclear.
Debería ser el informe más duro y más completo jamás escrito por la Agencia Internacional de Energía Atómica sobre el estado de avances del programa nuclear iraní. Mantenida durante años como ambigua, luego prudente, la AIEA, en ocasión de su próximo consejo de gobernadores el 17 de noviembre en Viena, está a punto, según las informaciones obtenidas por Le Figaro, de denunciar, con pruebas que la apoyan, el carácter militar de este programa que pretende dotar a Irán de la bomba. «Este informe será uno de los más importantes sobre el asunto», afirma un especialista cercano al expediente.
En París y en las cancillerías que se inquietan por el desarrollo de la proliferación nuclear, el carácter militar del programa iraní es desde hace tiempo un secreto a voces, alimentado por fotos satelitales, informes de expertos o confesiones de disidentes. Pero la agencia de la ONU, inquietándose públicamente por las actividades de enriquecimiento de Irán, jamás lo afirmó tan claramente como lo está a punto de hacer el mes próximo. ¿Por qué ahora?
Primero porque, a pesar de las protestas políticas que colocó al régimen en actitud defensiva desde el 2009, Irán persevera en su rápida marcha hacia la bomba. Instalación de nuevos hornos, creación de centrifugadoras suplementarias, prosecución de las actividades de enriquecimiento…
Nada nuevo bajo el sol, dirán los especialistas en el expediente, entre los que están algunos que consideran que la AIEA habría debido golpear el puño sobre la mesa hace mucho. Pero la partida de Mohamed ElBaradei, que renunció a la dirección de la agencia a fines del 2009, según ellos, habría dado libertad de comunicación a los especialistas de la agencia y permitido la llegada de equipos nuevos, más profesionales. El director egipcio de la AIEA está sospechado desde hace mucho tiempo de minimizar el programa nuclear iraní, incluso de disimular ciertos elementos.
Carrera contra reloj.
Pero el contexto diplomático y geopolítico explica también el cambio de tono de la AIEA. En las capitales occidentales, estamos convencidos que se tratará el expediente antes del 2012, año de elecciones muy importantes. En Moscú primero, con la anunciada vuelta de Vladimir Putin a la presidencia, podría traducirse en un endurecimiento de la posición rusa frente a Occidente. Mientras que las tensiones se perfilan sobrevolando la próxima cumbre de la OTAN en Chicago sobre el escudo de defensa antimisiles, el poder ruso debería haber intentado, piensan los diplomáticos, jugar la carta iraní para hacer valer sus posiciones. En Washington, donde las dificultades acechan a Barack Obama, podrían forzar al presidente norteamericano a apartar la vista momentáneamente de ciertos asuntos internacionales en beneficio de la escena interior. En París, donde la eventualidad de una derrota de Nicolás Sarkozy, que hizo del asunto iraní una de sus prioridades internacionales, correría peligro de debilitarse la determinación de Francia frente a Teherán. Finalmente en Pekín, donde la llegada al poder de la quinta generación del Partido comunista chino, acoplada a las elecciones legislativas y la elección presidencial de Taïwán, podría hacer desaparecer el asunto iraní de la agenda. A esto se añade la convicción de ciertos observadores, de que las sanciones internacionales tomadas en contra de Teherán comienzan a tener efectos, incluso si las consecuencias económicas son todavía camufladas por el poder.
Se trata entonces de una carrera contra reloj, comprometida desde hace varios meses por el conjunto de las capitales occidentales con el fin de llegar al poder iraní antes de que sea demasiado tarde y mientras el contexto geopolítico lo permita.
Para alcanzar esas metas, las naciones proporcionaron numerosos documentos relativos al programa nuclear iraní a la AIEA. También se busca imponer nuevas sanciones, destinadas a facilitar una eventual caída del régimen. Aún si ciertos expertos consideran que tal vez es demasiado tarde para impedir que Teherán se haga de la bomba, temen sobre todo que la nuclearización de Irán se efectúe bajo el régimen actual. También desearían evitar que Israel decida lanzar ataques preventivos contra las centrales iraníes, con las pesadas consecuencias que tendría tal acción sobre la región.
Fuente: Le Figaro por Isabelle Lasserre 13.10.2011
L'Iran prépare une bombe nucléaire.
Ce devrait être le rapport le plus dur et le plus complet jamais écrit par l'Agence internationale de l'énergie atomique sur l'état d'avancement du programme nucléaire iranien. Restée pendant des années ambiguë, puis prudente, l'AIEA, à l'occasion de son prochain conseil des gouverneurs, le 17 novembre à Vienne, s'apprête, selon les informations obtenues par Le Figaro, à dénoncer, preuves à l'appui, le caractère militaire de ce programme qui vise à doter l'Iran de la bombe. «Ce rapport sera l'un des plus importants sur le sujet», affirme un spécialiste proche du dossier.
À Paris et dans les chancelleries qui s'inquiètent du développement de la prolifération nucléaire, le caractère militaire du programme iranien est depuis longtemps un secret de Polichinelle, alimenté par des photos satellites, des rapports d'experts ou des confessions de dissidents. Mais l'agence de l'ONU, tout en s'inquiétant publiquement des activités d'enrichissement de l'Iran, ne l'a jamais affirmé aussi clairement qu'elle s'apprête à le faire le mois prochain. Pourquoi maintenant?
D'abord parce que, malgré la contestation politique qui a placé le régime sur la défensive depuis 2009, l'Iran persévère dans sa marche rapide vers la bombe. Installations de nouveaux fourneaux, création de centrifugeuses supplémentaires, poursuite des activités d'enrichissement…
Rien de neuf sous le soleil, diront les spécialistes du dossier, dont certains estiment que l'AIEA aurait pu et dû frapper du poing sur la table beaucoup plus tôt. Mais le départ de Mohamed ElBaradei, qui a quitté la tête de l'agence fin 2009, aurait selon eux libéré la parole des spécialistes de l'agence et permis l'arrivée d'équipes nouvelles, plus professionnelles. Le patron égyptien de l'AIEA a en effet longtemps été soupçonné de minimiser le programme nucléaire iranien, voire d'en dissimuler certains éléments.
Course contre la montre.
Mais le contexte diplomatique et géopolitique explique également le changement de ton de l'AIEA. Dans les capitales occidentales, on est persuadé qu'il faut agir sur le dossier avant 2012, année d'élections très importantes. À Moscou d'abord, où le retour annoncé de Vladimir Poutine à la présidence pourrait se traduire par un durcissement de la position russe vis-à-vis de l'Occident. Alors que des tensions se profilent en amont du sommet de l'Otan à Chicago sur la défense antimissile, le pouvoir russe devrait être tenté, pensent les diplomates, de jouer la carte iranienne pour faire valoir ses positions. À Washington, où les difficultés rencontrées par Barack Obama pourraient contraindre le président américain à se détourner momentanément de certains dossiers internationaux au profit de la scène intérieure. À Paris, où l'éventualité d'une défaite de Nicolas Sarkozy, qui a fait du dossier iranien l'une de ses priorités internationales, risquerait d'affaiblir la détermination de la France vis-à-vis de Téhéran. À Pékin enfin, où l'arrivée au pouvoir de la cinquième génération du Parti communiste chinois, couplée aux élections législatives et présidentielle de Taïwan, pourrait faire disparaître le dossier iranien de l'agenda. À cela, s'ajoute la conviction de certains observateurs que les sanctions internationales prises à l'encontre de Téhéran commencent à avoir des effets, même si les conséquences économiques sont encore camouflées par le pouvoir.
Il s'agit donc d'une course contre la montre, engagée depuis plusieurs mois déjà par l'ensemble des capitales occidentales afin d'atteindre le pouvoir iranien avant qu'il ne soit trop tard et tant que le contexte géopolitique le permet.
Pour arriver à leurs fins, les nations ont fourni de nombreux documents relatifs au programme nucléaire iranien à l'AIEA. Elles planchent également sur de nouvelles sanctions, destinées à faciliter un éventuel effondrement du régime. Car si certains experts estiment qu'il est peut-être trop tard pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe, ils redoutent par-dessus tout que la nucléarisation de l'Iran ait lieu sous le régime actuel. Ils aimeraient également éviter qu'Israël ne décide de lancer des frappes préventives contre les centrales iraniennes, avec les lourdes conséquences qu'aurait une telle action sur la région.
Le Figaro par Isabelle Lasserre publié le 13/10/2011