Lakhdar Brahimi, el hombre de una misión casi imposible.
El cara a cara inédito entre el régimen y la oposición es para
él un éxito en sí. A los 80 años, el mediador internacional Lakhdar Brahimi muestra
humor, firmeza y sobre todo un pragmatismo enternecedor en las arduas
negociaciones que lleva adelante entre los dos bandos en Ginebra.
Es por la intermediación del diplomático experimentado que,
desde el 25 de enero, las delegaciones de los beligerantes "dialogan"
en la sede de la ONU. Es
también él quien tiene cada día una conferencia de prensa para anunciar a los
periodistas la ausencia de una verdadera "apertura" entre un régimen
determinado a quedarse en el poder y la oposición decidida más que nunca a derrocarlo.
Porque el octogenario argelino, de cabellera blanca y anteojos cuadrados negros,
es muy consciente de que este primer round de negociaciones, organizado bajo la
presión de los norteamericanos, sostenes de la oposición, y los rusos, aliados
del régimen, no tendrá ningún impacto sobre los combates que aportan su lote
diario de muertos en Siria.
Investido de una misión casi imposible, él no duda en
recurrir al humor cuando un periodista le pregunta cómo iba a acercar los puntos de
vista. “Si usted tiene ideas, soy todo oídos, con mucho gusto”, replica, con
una sonrisa comprensiva. El humor que usa también está durante estas reuniones
a puertas cerradas. “Al ritmo que vamos, nos harán falta 20 años. Habría que apresurarse,
dentro de 20 años no estaré más ahí, lanzó una vez, según uno de los
participantes.
Pero su flexibilidad diplomática no excluye la firmeza.
Frente a un ataque personal lanzado por un miembro de una delegación, Brahimi
no vaciló en llamarlo al orden agriamente, según una fuente próxima a las
negociaciones. Según los que lo conocen, este veterano de la diplomacia nunca
masculló sus palabras.
Brahimi también está dotado de una “paciencia desenfrenada
para un hombre que alcanzó sus 80 años” y de una “capacidad de escucha
absolutamente excepcional”, señala Ghassan Salamé, decano de la Escuela de asuntos
internacionales en Sciences-Po Paris, que frecuentó mucho al diplomático.
Kofi Annan, su predecesor en el puesto de mediador para
Siria, en agosto de 2012 había bajado los brazos luego de cinco meses. El
nombramiento luego de Brahimi, ex jefe de la diplomacia argelina, dejó por otra
parte a algunos observadores escépticos. Luego de haber sido el emisario de la ONU en Afganistán después de
los atentados del 11 de septiembre de 2001 y luego en Irak, después de la
invasión de 2003, este “optimista furioso” afirmó un día que en su carrera nunca
había creído “que una situación no tenía esperanzas”.
Fuente: OLJ
y AFP 31/01/2014
Lakhdar
Brahimi, l'homme d'une mission quasi impossible.
Le
face-à-face inédit entre régime et opposition est pour lui un succès en soi. À
80 ans, le médiateur international Lakhdar Brahimi affiche humour, fermeté et
surtout un pragmatisme désarmant dans les négociations ardues qu'il mène entre
les deux camps à Genève.
C'est par le truchement de ce diplomate expérimenté que,
depuis le 25 janvier, les délégations des belligérants “dialoguent” au siège de
l'ONU. C'est aussi lui qui tient chaque jour un debriefing pour annoncer aux
journalistes l'absence d'une véritable “percée” entre un régime déterminé à
rester au pouvoir et une opposition décidée plus que jamais à le renverser. Car
l'octogénaire algérien, chevelure blanche et lunettes carrées noires, est bien
conscient que ce premier round de pourparlers, organisé sous la pression des
Américains, soutiens de l'opposition, et des Russes, alliés du régime, n'aura
aucun impact sur les combats qui apportent leur lot quotidien de morts en
Syrie.
Investi
d'une mission quasi impossible, il n'hésite pas à recourir à l'humour quand un
journaliste lui demande comment il allait rapprocher les points de vue. “Si
vous avez des idées, je suis preneur, avec plaisir”, réplique-t-il, avec un
sourire entendu. L'humour dont
il use aussi pendant ces réunions à huis clos. “Au rythme où nous sommes
partis, il nous faudra 20 ans. Il faudrait vous dépêcher, dans 20 ans je ne
serai plus là”, a-t-il lancé une fois, selon l'un des participants.
Mais sa
souplesse diplomatique n'exclut pas la fermeté. Face à une attaque personnelle
lancée par un membre d'une délégation, M. Brahimi n'a pas hésité à le rappeler
vertement à l'ordre, selon une source proche des négociations. D'après
ceux qui le connaissent, ce vétéran de la diplomatie n'a jamais mâché ses mots.
M. Brahimi est doté également d'une “patience sans bornes
pour un homme qui a atteint ses 80 ans” et d'une “capacité d'écoute absolument
exceptionnelle”, souligne Ghassan Salamé, doyen de l'École des affaires
internationales à Sciences-Po Paris, qui a beaucoup côtoyé le diplomate.
Kofi Annan, son prédécesseur au poste de médiateur pour la Syrie , avait en août 2012
baissé les bras après cinq mois. La nomination ensuite de M. Brahimi, ex-chef
de la diplomatie algérienne, a laissé d'ailleurs certains observateurs
sceptiques. Après avoir été l'émissaire de l'ONU en Afghanistan après les
attentats du 11 septembre 2001, puis en Irak après l'invasion de 2003, cet
“optimiste forcené” a affirmé un jour que jamais dans sa carrière il n'avait
cru “qu'une situation était sans espoir”.
OLJ et AFP 31/01/2014