jueves, 12 de septiembre de 2013

El presidente de Argelia buscaría un cuarto mandato mientras intenta quitarle poder a la inteligencia militar.


Abdelaziz Buteflika se enfrenta a los servicios secretos argelinos.

A pocos meses de la elección presidencial, el jefe de Estado desmantela los poderosos servicios de inteligencia y forma un nuevo gobierno compuesto de leales.

“Como digno heredero de Boumediene, Buteflika sabe que mientras no controle al ejército, no controla nada”. El comentario, de un oficial de inteligencia argelina, aclara las decisiones tomadas estos últimos días por la presidencia. Según varios medios, los decretos no publicados preven amputar al DRS (Departamento de inteligencia y de seguridad), servicios secretos del ejército y columna vertebral del sistema argelino, de varias de sus prerrogativas: la información y la comunicación, y la seguridad del ejército, por la que los oficiales y auxiliares de la policía judicial estarían en lo sucesivo dependiendo de la justicia militar. En claro: ellos no dependerían más del mítico jefe del DRS., el general Toufik Mohamed Lamine Mediene, de 74 años, sino del jefe de estado-mayor del ejército, el general Gaïd Salah, de 80 años, que una reorganización ministerial designó ayer como viceministro de Defensa nacional.
“Gaïd Salah es, como todo el ejército, partidario del presidente. Las maniobras para recortarle poder a los servicios tendrán como consecuencia reforzar la influencia de Buteflika, analiza un cuadro del ejército. Pero atención, no hay que deducir que esto afectará al DRS en su esencia, porque verdaderamente nada cambia. La seguridad militar, por ejemplo, ya rinde cuentas al estado-mayor. En cuanto al polo de información, continuará haciendo inteligencia ya que es la misma función de un servicio de contraespionaje”.
En El Mouradia, el palacio presidencial, los adversarios del DRS aseguran que Toufik, al contrario, recibió "un golpe duro". Y la composición del nuevo gobierno, siempre conducido por Abdelmalek Sellal y esencialmente formado por leales al presidente, está en la mira, una prueba suplementaria.
Tentativas de debilitamiento de DRS hubo otras. En los años 1980, el ex presidente Chadli Bendjedid ya había desarmado el mastodonte que era la Dirección central de seguridad militar. “Pero eso nunca anduvo. Los "servicios" siempre se rehacen, comprueba el oficial. Porque ellos no se reducen a estructuras, son ante todo hombres y redes. Mientras Buteflika no firme la retirada de Toufik, retirado de oficio desde sus 65 años, como todos los militares cualquiera sea su grado, nada es dañino”.
Pero en la casa, algunos dan a entender que estos cambios a unos meses de la elección presidencial, y en un contexto de guerra de posiciones, son en realidad el resultado de un arreglo. “El DRS acepta retirarse, y como contrapartida, ninguno de sus oficiales será interpelado por asuntos de corrupción en los cuales están inevitablemente mezclados. El ex ministro de Energía Chakib Khelil nunca habría podido dejar el país sin ayuda de dos o tres generales”, estima Lahouari Addi, profesor en el Instituto de estudios políticos de Lyon.
Un oficial del DRS ve más bien allí un compromiso ante la perspectiva de la elección presidencial de 2014: “Buteflika le hace la guerra a los servicios sólo para asentar su propio poder. Asistimos a la última etapa de un desmantelamiento comenzado en 2004. A cambio, Toufik mantiene su sitio y avala un cuarto mandato. Por ahora, Toufik-Buteflika, son uno solo, están empatados”. El escenario del cuarto mandato, completamente descartado después de la hospitalización del presidente en abril pasado, vuelve con fuerza. Para el editorialista Fayçal Métaoui, todo indica en el nuevo gobierno que Abdelaziz Buteflika, de 76 años, piensa presentarse de nuevo: “La mayoría de los ministros son allegados, pero no enterremos demasiado rápido al DRS…”

Fuente: Le Figaro por Mélanie Matarese publicado el 11/09/2013



Abdelaziz Bouteflika s'attaque aux services secrets algériens.

À quelques mois de la présidentielle,  le chef de l'État démantèle les puissants services de renseignement et forme un nouveau gouvernement composé de fidèles.

«En digne héritier de Boumediene, Bouteflika sait que tant qu'il ne contrôle pas l'armée, il ne contrôle rien». Le commentaire, d'un officier du renseignement algérien, éclaire les décisions prises ces derniers jours par la présidence. Selon plusieurs médias, des décrets non publiés prévoient d'amputer le DRS (Département du renseignement et de la sécurité), services secrets de l'armée et colonne vertébrale du système algérien, de plusieurs de ses prérogatives: l'information et la communication, et la sécurité de l'armée, dont les officiers et auxiliaires de police judiciaire seraient désormais rattachés à la justice militaire. En clair: ils ne dépendraient plus du mythique patron du DRS, le général Toufik Mohamed Lamine Mediene, 74 ans, mais du chef d'état-major de l'armée, le général Gaïd Salah, 80 ans, qu'un remaniement ministériel a désigné hier vice-ministre de la Défense nationale.
«Gaïd Salah est comme toute l'armée, acquis au président. Les manœuvres pour grignoter du pouvoir aux services auront pour conséquence de renforcer l'influence de Bouteflika, analyse un cadre de l'armée de terre. Mais attention, il ne faut pas en déduire que cela affectera le DRS dans son essence, car rien ne change vraiment. La sécurité militaire, par exemple, rend déjà des comptes à l'état-major. Quant au pôle information, il continuera à faire du renseignement puisque c'est la fonction même d'un service de contre-espionnage».
À El Mouradia, le palais présidentiel, les adversaires du DRS assurent que Toufik encaisse au contraire «un coup dur». Et la composition du nouveau gouvernement, toujours conduit par Abdelmalek Sellal et essentiellement composé de fidèles du président, en est à leurs yeux, une preuve supplémentaire.
Des tentatives d'affaiblissement du DRS, il y en a eu d'autres. Dans les années 1980, l'ancien président Chadli Bendjedid avait déjà déstructuré le mastodonte qu'était la Direction centrale de la sécurité militaire. «Mais cela n'a jamais marché. Les “services” reprennent toujours le dessus, constate l'officier. Parce qu'ils ne se réduisent pas à des structures, ce sont avant tout des hommes et des réseaux. Tant que Bouteflika ne signe pas la mise à la retraite de Toufik, retraitable d'office depuis ses 65 ans, comme tous les militaires et quel que soit leur grade, rien n'est dommageable».
Mais dans la maison, certains laissent entendre que ces changements à quelques mois de l'élection présidentielle, et dans un contexte de guerre de positions, sont en réalité le résultat d'un arrangement. «Le DRS accepte de se retirer, et en contrepartie, aucun de ses officiers ne sera inquiété pour les affaires de corruption auxquelles ils sont inévitablement mêlés. L'ancien ministre de l'Énergie Chakib Khelil n'aurait jamais pu quitter le pays sans l'aide de deux ou trois généraux», estime Lahouari Addi, professeur à l'Institut d'études politiques de Lyon.
Un officier du DRS y voit plutôt un compromis dans la perspective de la présidentielle de 2014: «Bouteflika ne fait la guerre aux services que pour asseoir son propre pouvoir. On assiste là à l'ultime étape d'un démantèlement commencé en 2004. En échange, Toufik garde sa place et cautionne un quatrième mandat. Pour le moment, Toufik-Bouteflika, c'est 1 partout, balle au centre». Le scénario du quatrième mandat, complètement écarté après l'hospitalisation du président en avril dernier, revient donc en force. Pour l'éditorialiste Fayçal Métaoui, tout indique dans le nouveau gouvernement qu'Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, compte se représenter: «La majorité des ministres sont des proches, mais n'enterrons pas trop vite le DRS…»

Le Figaro par Mélanie Matarese publié le 11/09/2013