Túnez. Los lugares turísticos, nuevos blancos de los
terroristas.
Para el periodista Hedi Yahmed, los atentados de Sousse y
Monastir tienen que ser clasificados en una nueva fase de terrorismo en el
país: la utilización de células dormidas.
Hedi Yahmed, redactor en jefe de Hakaekonlin.com y
especialista en los grupos jihadistas tunecinos, vuelve a hablar sobre el
atentado suicida perpetrado en Sousse el miércoles 30 de octubre, y el otro,
desbaratado el mismo día, en Monastir. Para él, estos ataques son la
continuación lógica de acciones precedentes de los grupos terroristas en el
país.
Es, una excepción, la primera vez que un atentado es
perpetrado en Túnez contra un blanco turístico. ¿Cómo explica esta evolución
del terrorismo en el país?
- Lo que pasó ayer en Sousse y Monastir, para nosotros los
observadores de los movimientos jihadistas en Túnez, era bastante previsible,
para no decir previsto. Hay una progresión de los escenarios terroristas.
Sabemos que los grupos terroristas comenzaron a actuar en las regiones
montañosas en la frontera argelina. Luego hubo unos asesinatos dirigidos contra
los líderes políticos como Chokri Belaïd y Mohamed Brahmi. Luego hubo una
ofensiva armada en la región del monte Chaambi que empujó a los grupos
terroristas a hacer reaccionar las células dormidas en las ciudades. Podemos
tomar como ejemplo lo que pasó el 18 de octubre en Goubellat o incluso en Sidi
Ali Ben Aoun. Y ahora estamos en la fase de utilización de las células dormidas
en las ciudades y las tentativas de atentado en Sousse y Monastir tienen que
ser clasificadas en esta categoría. Estos ataques se dirigen evidentemente contra
civiles, pero también al corazón económico del país: el turismo.
¿Estos ataques aumentaron la tensión en Túnez?
- Ya, el ambiente se puso tenso desde el primer asesinato
político. Con todo lo que pasó el miércoles, muchos tunecinos temen ser alcanzados.
Algunos temen vivir el escenario argelino de los años 1990 en que los actos
terroristas eran algo cotidiano. Existe un temor general en la población de ver al país caer en la anarquía.
Usted habla de “células dormidas”. ¿De cuales informaciones
dispone?
- Podemos aportar algunas informaciones estudiando los
retratos de los terroristas de Sousse y Monastir. Estamos frente a una nueva
generación que no está fichada por la Inteligencia tunecina. Ellos no forman parte, por
ejemplo, de los 6.000 condenados por asuntos terroristas liberados durante la
amnistía general de febrero de 2011. Estos individuos son jihadistas muy
diferentes, convertidos al salafismo jihadista después de la revolución. Los
líderes de estos grupos utilizan esta generación desconocida de la inteligencia
policial implantada en las villas de Túnez y en los barrios pobres o modestos.
¿La inestabilidad política, el proceso de diálogo nacional
en curso en este momento, favorecen los ataques terroristas?
- Podemos hacer una comparación con otros países. Allí donde
encontramos inestabilidad los grupos terroristas están implantados, pienso en
Somalia, en Yemen, en Egipto, también en Argelia y en Mali. Los grupos jihadistas
prefieren una situación de Estado débil, de inestabilidad política y de
seguridad. Ellos pueden crecer sólo en estos medios de inestabilidad. En Túnez,
todos los ataques, los atentados o asesinatos pretenden desestabilizar la
situación política, destruir el proceso democrático para tener un lugar. Y, por
otra parte, estos ataques pueden repetirse por que no tenemos un gobierno
fuerte.
Fuente: Le Nouvel Observateur por Céline Lussato 31 de
octubre de 2013
Tunisie. Les lieux touristiques, nouvelles cibles des terroristas.
Pour le journaliste Hedi Yahmed, les attentats de Sousse et
Monastir sont à classer dans une nouvelle phase de terrorisme dans le pays:
l'utilisation de cellules dormantes.
Hedi Yahmed, rédacteur en chef de Hakaekonlin.com et
spécialiste des groupes djihadistes tunisiens, revient sur l'attentat-suicide
perpétré à Sousse mercredi 30 octobre et celui, déjoué le même jour, à
Monastir. Pour lui, ces attaques sont la suite logique de précédentes actions
des groupes terroristes dans le pays.
C'est, à une exception, la première fois qu'un attentat est
perpétré en Tunisie contre une cible touristique. Comment expliquez-vous cette évolution du
terrorisme dans le pays?
- Ce qui s'est passé hier à Sousse et Monastir était, pour
nous les observateurs des mouvements djihadistes en Tunisie, assez prévisible,
pour ne pas dire prévu. Il y a une progression des scénarios terroristes. On
sait que les groupes terroristes ont commencé à agir dans les régions
montagneuses à la frontière algérienne. Ensuite il y a eu les assassinats ciblés des leaders politiques comme
Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Puis il y a eu l'offensive armée dans
la région du mont Chaambi qui a poussé les groupes terroristes à faire réagir
les cellules dormantes dans les villes. On peut prendre comme exemple ce qui
s'est passé le 18 octobre à Goubellat ou encore à Sidi Ali Ben Aoun. Et maintenant nous sommes dans la
phase d'utilisation des cellules dormantes dans les villes et les tentatives
d'attentat à Sousse et Monastir sont à classer dans cette catégorie. Ces
attaques visent évidemment des civils, mais aussi le cœur économique du pays :
le tourisme.
Ces
attaques ont-elles accru la tension à Tunis?
- Déjà,
l'ambiance était tendue depuis le premier assassinat politique. Avec tout ce
qui s'est passé hier [mercredi, NDLR], beaucoup de Tunisiens craignent d'être
touchés. Certains craignent de vivre un scénario algérien des années
1990 où les actes terroristes étaient le quotidien de chacun. Il existe une
crainte générale dans la population de voir le pays tomber dans l'anarchie.
Vous parlez de "cellules dormantes". De quelles informations
disposez-vous les concernant?
- On peut apporter quelques informations en étudiant les
portraits des terroristes de Sousse et Monastir. Nous sommes devant une
nouvelle génération qui n'est pas fichée par le Renseignement tunisien. Ils ne
font pas partie par exemple des 6.000 condamnés dans des affaires terroristes
libérés lors de l'amnistie générale de février 2011. Ces individus sont des
djihadistes très différents, convertis au salafisme djihadiste après la
révolution. Les leaders de ces groupes utilisent cette génération inconnue des
services de police implantée dans les bidonvilles de Tunis et dans les
quartiers pauvres ou modestes.
L'instabilité politique, le processus de dialogue national
en cours en ce moment, favorisent-ils les attaques terroristes?
- On peut
faire une comparaison avec d'autres pays. C'est là où l'on rencontre
l'instabilité que les groupes terroristes sont implantés, je pense à la Somalie , au Yemen, à
l'Egypte aussi ou à l'Algérie et au Mali. Les groupes djihadistes préfèrent une
situation d'Etat faible, d'instabilité politique et sécuritaire. Ils ne peuvent
grandir que dans ces milieux d'instabilité. En Tunisie, toutes les attaques,
attentats ou assassinats visent à déstabiliser la situation politique, à
détruire le processus démocratique pour avoir une place. Et, d'ailleurs, ces
attaques peuvent se répéter puisque nous n'avons pas de gouvernement fort.
Le Nouvel Observateur par Céline Lussato31 octobre 2013