sábado, 23 de marzo de 2013
En Gao, ciudad del norte de Mali, quedaron expuestas las cicatrices que dejaron los grupos islamistas a su paso.
Mali: los estigmas de la sharia en Gao.
Gao es una ciudad herida. Durante diez meses, esta ciudad del norte de Mali vivió bajo el yugo de los rebeldes tuareg, luego bajo los jihadistas del MUJAO y de Ansar Dine. A fines de enero, gracias a la ayuda del ejército francés, las tropas malíes recuperaron el control de Gao. La vida retoma lentamente su curso.
Hoy, los habitantes de Gao están saliendo de un largo túnel. Hace algunas semanas, el miedo y la arbitrariedad eran moneda corriente. En nombre de la sharia, la ley islámica, los jihadistas hicieron reinar una justicia brutal. El adulterio, el consumo de tabaco, etc., estos vicios eran castigados con latigazos por las milicias islamistas. Los castigos eran públicos y ocurrían en el corazón de Gao, en la Plaza de la Independencia, rebautizada “Plaza de la sharia”. Numerosos habitantes filmaron estos maltratos gracias a sus celulares, recuerdos morbosos de una época que esperan actualmente que haya concluido.
Los castigos podían llegar a ser extremos. Una decena de personas, acusadas de delitos como el robo, tanto sus pies como sus manos fueron amputados en la plaza pública. “La gente no estaba de acuerdo, pero no podía defendernos. Los jihadistas mandaban, nadie tenía derecho a hablar”, testimonia Issa, acusado de robo y al que le amputaron su brazo derecho en diciembre.
En todo Gao los estigmas de la guerra son flagrantes. Los jihadistas habían establecido su base en los edificios públicos. Estos últimos fueron blanco de los ataques aéreos franceses durante la reconquista de la ciudad. Antes de abandonar la zona de catástrofe, los combatientes en desbandada terminaron de saquear los archivos municipales, robaron o destruyeron las computadoras… Hoy la administración está en la calle. La Municipalidad, el palacio de Justicia, el edificio de Aduana están en ruinas. En cuanto al gran mercado central, del cual dependía toda la economía local, quedó devastado por un incendio luego de una incursión jihadista en febrero.
Inquieta la perspectiva de la partida de las tropas francesas.
Hoy, las 4x4 cargadas de soldados malíes y los blindados franceses de la operación Serval patrullan las calles desoladas de Gao. En el aeropuerto, el ejército francés instaló una importante base militar. La zona urbana parece relativamente asegurada. Pero pasado los límites de la ciudad, la amenaza jihadista persiste. Entonces, para llevar operaciones de rastrillaje, los soldados franceses salen sólo en convoy de vehículos blindados. Todas las vías de acceso a Gao son controladas por los militares malíes. Su obsesión: los ataques kamikazes.
Poco a poco, la vida recupera su curso en Gao, y las familias desplazadas comienzan a volver. Pero tímidamente: el año pasado, cerca del 75 % de los 80.000 habitantes huyó de la ocupación jihadista. Hoy, solamente unos 7.000 habitantes volvieron, según una ONG local. El norte de Mali todavía está lejos de ser apaciguado. Y la situación social, económica y humanitaria es desastrosa.
Compartiendo miedo y optimismo, Gao comienza de cero. Signo de que se ha dado vuelta una página, los puestos de bebidas alcohólicas, saqueados por los jihadistas, comienzan a reabrir sus puertas. El fútbol recupera sus derechos. Y las mujeres, las que habían sufrido más ese moralismo violento impuesto por los jihadistas, disfrutan su reencuentro con la libertad.
Pero la perspectiva de la partida de las tropas francesas inquieta a los habitantes. Ellos dudan de que el ejército malí, desacreditado, mal equipado y acusado de exacciones, esté en condiciones de asegurar el relevo. Y de asegurar un territorio desértico vasto como Francia.
Fuente: France 24 par Roméo Langlois 22/03/2013
Mali: les stigmates de la charia à Gao.
Gao est une cité meurtrie. Pendant dix mois, cette ville du nord du Mali a vécu sous le joug des rebelles touareg, puis des djihadistes du Mujao et d’Ansar Dine. Fin janvier, grâce à l’aide de l’armée française, les troupes maliennes ont repris le contrôle de Gao. La vie reprend doucement son cours.
Aujourd’hui, les habitants de Gao sortent d’un long tunnel. Il y a quelques semaines, la peur et l’arbitraire étaient encore leur quotidien. Au nom de la charia, la loi islamique, les djihadistes ont fait régner une justice brutale. L’adultère, la consommation de tabac… Ces vices étaient punis à coups de fouet par les milices islamistes. Les châtiments étaient publics. Ils avaient lieu au cœur de Gao, sur la Place de l’indépendance - rebaptisée ‘’Place de la charia’’. De nombreux habitants ont filmé ces sévices à l’aide de leur téléphone portable, souvenirs morbides d’une époque qu’ils espèrent aujourd’hui révolue.
Les punitions pouvaient prendre un tour extrême. Une dizaine de personnes, accusées de délits tels que le vol, ont vu leurs mains ou leurs pieds amputés en place publique. ‘’Les gens n’étaient pas d’accord, mais ils ne pouvaient pas prendre notre défense. C’était les djihadistes qui commandaient. Personne n’avait droit à la parole’’, témoigne Issa, accusé de vol et amputé de son bras droit en décembre.
Partout dans Gao les stigmates de la guerre sont flagrants. Les djihadistes avaient établi leur base dans les bâtiments publics. Ces derniers ont été la cible des frappes aériennes françaises au moment de la reconquête de la ville. Avant d’abandonner la zone en catastrophe, les combattants en déroute ont achevé de saccager les archives municipales, volé ou détruit les ordinateurs… Aujourd’hui l’administration est à terre. La mairie, le Palais de justice, le bâtiment des douanes sont en ruine. Quand au grand marché central, dont dépendait toute l’économie locale, il a été devasté par un incendie lors d’une incursion djihadiste en février.
La perspective du départ des troupes françaises inquiète
Aujourd’hui, des 4x4 chargés de soldats maliens et des blindés français de l’opération Serval patrouillent dans les rues désolées de Gao. À l’aéroport, l’armée française a installé une importante base militaire. La zone urbaine semble relativement sécurisée. Mais passées les limites de la ville, la menace djihadiste persiste. Alors, pour mener des opérations de ratissage, les soldats français ne sortent qu’en convoi de véhicules blindés. Toutes les voies d’accès à Gao sont contrôlées par les militaires maliens. Leur hantise: les attaques kamikazes.
Peu à peu, la vie reprend son cours à Gao, et les familles déplacées commencent à revenir. Mais timidement : l’an dernier, environ 75% des 80 000 habitants ont fui l’occupation djihadiste. Aujourd’hui, quelque 7.000 habitants seulement sont rentrés, selon une ONG locale. Le nord du Mali est encore loin d’être sécurisé. Et la situation sociale, économique et humanitaire est désastreuse.
Partagée entre peur et optimisme, Gao repart de zéro. Signe qu’une page est peut-être tournée, les débits d’alcool, saccagés par les djihadistes, commencent à rouvrir leurs portes. Le football reprend ses droits. Et les femmes, celles qui avaient le plus souffert du moralisme violent imposé par les djihadistes, savourent leur liberté retrouvée.
Mais la perspective du départ des troupes françaises inquiète les habitants. Ils doutent que l’armée malienne - discréditée, mal équipée, accusée d’exactions - soit capable d’assurer la relève. Et de tenir un territoire désertique vaste comme la France.
France 24 par Roméo Langlois 22/03/2013