viernes, 27 de mayo de 2011

Los jefes tribales van dejando aislado al presidente de Yemen y sobrevuela el temor a una guerra civil.

Yemen al borde de la guerra civil.

Una calma precaria reinó el viernes en Sanaa. En la capital yemení, la tregua ha sido respetada globalmente por las tropas del presidente Ali Abdullah Saleh y las fuerzas del poderoso jefe tribal de los Hached, Sadeq al-Ahmar. «Bajo la égida de Arabia Saudita, los responsables tribales llevan negociaciones para que esta calma momentánea se mantenga», afirmó Nasser Arabye, un periodista a través del teléfono desde Sanaa.
«Si Saleh quiere una revolución pacífica, estamos listos para eso, pero si quiere la guerra, lo combatiremos», afirmaba por su parte el jeque Sadeq al-Ahmar, que asistía en Sanaa a los funerales de treinta de sus hombres, muertos en los combates de estos últimos días.
Entre el lunes y el jueves por la mañana, sesenta y ocho personas en total han muerto en enfrentamientos violentos en los alrededores de la residencia del jeque al-Ahmar, al norte de Sanaa. «Hubo enfrentamientos hasta con artillería que fueron muy duros», cuenta un habitante de la capital. Aunque los hechos violentos cesaron desde el jueves, la «gente todavía tiene mucho miedo de un resurgir de la guerra civil», añade.
El país más pobre de la península arábiga, Yemen es sacudida desde hace más de tres meses por una ola de protestas. Pero después de treinta y tres años al frente de la única república de la península, Saleh se obstina a mantenerse en el poder, usando para esto todo lo que esté a su alcance, y no vacilan en disparar sobre la multitud de jóvenes, que piden su salida desde la plaza Tahrir en Sanaa.

Tregua precaria.

El último lunes, la crisis se agravó después del rechazo en la víspera por el raïs, de un plan de salida del impasse, elaborado por las monarquías del Golfo, que preveía su salida en los próximos treinta días a cambio de inmunidad. Después de un cambio súbito de opinión como es su costumbre, Saleh acusó a la oposición de llevar al país a "la guerra civil", antes de cruzar el Rubicón, dándoles la orden a sus hombres de bombardear la residencia de Sadeq al-Ahmar, sumergiendo a Yemen al borde de la guerra civil.
¿Qué busca Ali Abdullah Saleh? ¿Hacer definitivamente fracasar la iniciativa de los países del Golfo? ¿O «darle una última lección» a su enemigo de la misma tribu que él, antes de dejar la escena política?
En la capital, el informe de fuerzas le da favorable, gracias a la guardia republicana, que puede afrontar a los Hached y hasta a los hombres de Ali Mohsen al-Ahmar, el poderoso jefe militar, que se unió a la protesta en marzo.
En cambio, él controla sólo Sanaa. «Saleh está debilitado», observa en el lugar un diplomático occidental. «Cada vez más tribus dejan de apoyarlo fuera de la capital, y por el momento, se enfrentó sólo al clan Hached», añade este diplomático.
Es justamente para evitar que otros clanes del este del país se reúnan en la capital para apoyar a las fuerzas de Sadeq al-Ahmar que la guardia republicana erigió el viernes bloqueos sobre un camino a 75 km de Sanaa cerca de Fardha. Pero los centuriones de Saleh han sido atacados allí por los rebeldes, que consiguieron tomar el control de uno de los check-point durante varias horas. E hizo falta que aviones del ejército bombardearan las posiciones de los rebeldes para que la frágil autoridad del Estado sea restablecida. Pero, allí también, el balance es fuerte: un oficial de la guardia y una decena de soldados han resultado muertos, mientras que una docena de rebeldes han perecido en el asalto para abrir este camino con destino a Sanaa.
«Mucha sangre fluyó estos últimos días», siente el diplomático, apenas optimista en cuanto a un respeto de la tregua. «Varios jeques han muerto mientras se negociaba, Saleh los hizo atacar. El desquite tribal corre peligro de producirse», anticipa.
El viernes, a pesar de la violencia de los últimos días, jóvenes estudiantes se quedaron reunidos en la plaza Tahrir para marcar la determinación de continuar su combate a favor de las libertades. Después de la oración, los partidarios de Saleh se han reunido por miles en la plaza Saabine, pero la manifestación reunió menos gente que lo habitual, y Saleh no hizo su aparición, como tiene por costumbre hacerlo. La comunidad internacional lo tiene como único responsable de la escalada de violencia.

Fuente: Le Figaro por Georges Malbrunot 27.05.2011



Le Yémen au bord de la guerre civile.

Un calme précaire a régné vendredi à Sanaa. Dans la capitale yéménite, la trêve a été globalement respectée entre les troupes du président Ali Abdullah Saleh et les forces du puissant chef tribal des Hached, Sadeq al-Ahmar. «Sous l'égide de l'Arabie saoudite, des responsables tribaux mènent des négociations pour que cette accalmie se poursuive», a affirmé Nasser Arabye, un journaliste joint par téléphone à Sanaa.
«Si Saleh veut une révolution pacifique, nous y sommes prêts, mais s'il veut la guerre, nous le combattrons», affirmait de son côté le cheikh Sadeq al-Ahmar, qui assistait à Sanaa aux funérailles de 30 de ses hommes, tués dans les combats de ces derniers jours.
Entre lundi et jeudi matin, 68 personnes au total sont mortes dans de violents affrontements autour de la résidence du cheikh al-Ahmar dans le nord de Sanaa. «Des affrontements au canon qui étaient très durs», raconte un habitant de la capitale. Même si les violences ont cessé depuis jeudi, les «gens ont encore très peur d'une résurgence de la guerre civile», ajoute-t-il.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est secoué depuis plus de trois mois par une vague de contestation. Mais après 33 années passées à la tête de la seule république de la péninsule, Saleh s'obstine à rester au pouvoir, usant pour cela de toutes les ficelles, et n'hésitant pas à faire tirer sur la foule des jeunes, qui demandent son départ depuis la place Tahrir à Sanaa.

Trêve précaire.

Lundi dernier, la crise s'est aggravée après le rejet la veille par le raïs d'un plan de sortie de l'impasse élaboré par les monarchies du Golfe, qui prévoyait son départ dans les trente jours en échange d'une immunité. Après une volte-face dont il est coutumier, Saleh a accusé l'opposition de conduire le pays à «la guerre civile», avant de franchir le Rubicon en donnant l'ordre à ses hommes de bombarder la résidence de Sadeq al-Ahmar, plongeant le Yémen au bord de la guerre civile.
Que recherche Ali Abdullah Saleh? Faire définitivement capoter l'initiative des pays du Golfe? Ou «donner une ultime leçon» à son ennemi de la même tribu que lui, avant de quitter la scène politique?
Dans la capitale, le rapport de forces lui reste favorable, grâce à la garde républicaine, qui peut affronter les Hached et même les hommes d'Ali Mohsen al-Ahmar, un puissant chef militaire, qui a rejoint la contestation en mars.
En revanche, il ne contrôle pratiquement plus que Sanaa. «Saleh est affaibli», observe sur place un diplomate occidental. «De plus en plus de tribus le lâchent hors de la capitale, et pour l'instant, il ne s'est affronté qu'au clan Hached», ajoute ce diplomate.
C'est justement pour éviter que d'autres clans de l'est du pays rallient la capitale pour y soutenir les forces de Sadeq al-Ahmar que la garde républicaine a érigé vendredi des barrages sur une route à 75 km de Sanaa près de Fardha. Mais les centurions de Saleh y ont été attaqués par des assaillants, qui ont réussi à prendre le contrôle d'un check-point pendant plusieurs heures. Et il a fallu que des avions de l'armée bombardent les positions des rebelles pour que la fragile autorité de l'État soit rétablie. Mais, là aussi, le bilan est lourd: un officier de la garde et une dizaine de soldats ont été tués, tandis qu'une douzaine d'assaillants ont péril dans l'assaut pour ouvrir cette route en direction de Sanaa.
«Beaucoup de sang a coulé ces derniers jours», regrette le diplomate, guère optimiste quant à un respect de la trêve. «Des cheikhs sont morts alors qu'ils négociaient, Saleh leur a fait tirer dessus. La revanche tribale risque de s'exercer», anticipe-t-il.
Vendredi, malgré les violences de ces derniers jours, des jeunes étudiants sont restés rassemblés place Tahrir pour marquer leur détermination à poursuivre leur combat en faveur des libertés. Après la prière, les partisans de Saleh se sont, eux, réunis par milliers place Saabine, mais la manifestation a rassemblé moins de monde que d'habitude, et Saleh n'a pas fait d'apparition, comme il a coutume de le faire. La communauté internationale le tient pour responsable de l'escalade de la violence.

Le Figaro par Georges Malbrunot 27/05/2011