En Moscú, la calle desafía nuevamente a Putin.
Todas las recientes tentativas de las autoridades rusas de acotar a la oposición no impidieron que varias decenas de miles de personas se manifestaran el martes en el centro de Moscú, con un slogan principal: «Rusia sin Putin». 18.000 personas según la policía, 70.000 según un organizador, desfilaron en los alrededores de la plaza Pouchkine para lo que parece ser una de las alianzas más grandes de la oposición desde las grandes manifestaciones del invierno de 2011. Y la primera desde la reasunción del jefe del Kremlin, el 7 de mayo pasado. A diferencia de la acción precedente del 6 de mayo, no hubo incidentes ni se efectuaron detenciones.
«En lo sucesivo, el poder tiene sólo dos soluciones: comprometerse a dialogar con nosotros o atenerse a las consecuencias de una primavera árabe», advirtió el principal oraganizador y diputado Maxim Goudkov. A pesar del voto, la semana pasada, de la ley que pretendía castigar económicamente a las manifestaciones "violentas", y redadas realizadas el lunes en los domicilios de los principales líderes anti-Putin, los moscovitas se sentían exultantes por la movilización. «Mostramos que no tenemos miedo, y nuestra movilización se extenderá como una mancha de aceite progresivamente en otras ciudades rusas», asegura Natalia, historiadora en un museo que, sin embargo, se niega a nombrar, por temor a las represalias.
Reivindicaciones inéditas.
Agrandada por filas de ultranacionalistas, por los de extrema izquierda, pasando por una multitud de movimientos cívicos, la comitiva de ayer abandonaba un poco la espontaneidad y el humor que dieron un carácter único a las primeras manifestaciones del invierno de 2011. Vladimir Putin, caricaturizado como Hitler, y cuya acción está asociada, en lo sucesivo, a las feroces represiones stalinistas de1937, concentra más que nunca la animosidad de muchos. Lo que no impide la aparición de reivindicaciones inéditas. «Hay que cambiar todo el sistema de enseñanza», explicaba Ilia, estudiante de la facultad de química de la universidad Lemonossov, al frente de una columna de estudiantes que protestan contra las últimas reformas del sector. El movimiento se hace progresivamente proteiforme y nadie es capaz de predecir la salida.
«Basta con que el poder continúe radicalizándose y tendremos la revolución», espera Oleg, gerente de una zapatería. Otros apuestan a una caída de las divisas del petróleo, principal recurso del Estado ruso, y a una agravación de la coyuntura económica, todo conduciría a un «otoño social» todavía más agitado. El líder del Frente de izquierda, Sergueï Oudaltsov, cuyo domicilio había sido allanado el lunes, propuso la organización de una nueva gran manifestación el 6 de octubre y llevar adelante "huelgas políticas". Ante esto, Vladimir Putin rechazó cualquier concesión. En este día de fiesta nacional, el jefe del Kremlin consideró «inaceptable todo aquello que debilite al país y divida a la sociedad».
Fuente: Le Figaro por Pierre Avril 12.06.2012
À Moscou, la rue défie à nouveau Poutine.
Les toutes récentes tentatives des autorités russes de mettre au pas l'opposition n'ont pas empêché plusieurs dizaines de milliers de personnes de manifester mardi dans le centre de Moscou, avec pour principal slogan: «la Russie sans Poutine». 18 000 personnes selon la police - 70 000 selon un organisateur - ont défilé de la place Pouchkine jusqu'à la ceinture des jardins pour ce qui devient l'un des plus grands rassemblements de l'opposition depuis les grandes manifestations de l'hiver 2011. Et le premier depuis l'inauguration du chef du Kremlin, le 7 mai dernier. À la différence de la précédente action du 6 mai, aucun incident ni interpellation n'ont eu lieu.
«Désormais, le pouvoir n'a que deux solutions: engager un dialogue avec nous ou essuyer les conséquences d'un printemps arabe», a averti le principal organisateur et député Maxim Goudkov. En dépit du vote, la semaine dernière, de la loi visant à punir financièrement les manifestations «sauvages», et des perquisitions menées lundi aux domiciles des principaux leaders anti-Poutine, les Moscovites se sentaient ragaillardis par la mobilisation. «Nous montrons que nous n'avons pas peur, et notre mobilisation fera progressivement tache d'huile dans les autres villes russes», assure Natalia, historienne dans un musée qu'elle refuse néanmoins de nommer, par crainte des représailles.
Revendications inédites.
Grossi par les rangs des ultranationalistes, par ceux de l'extrême gauche en passant par une multitude de mouvements civiques, le cortège d'hier abandonnait quelque peu la spontanéité et l'humour qui donnèrent leur caractère unique aux premières manifestations de l'hiver 2011. Vladimir Poutine, caricaturé en Hitler, et dont l'action est désormais associée aux féroces répressions staliniennes de l'année 1937, concentre plus que jamais l'animosité. Ce qui n'empêche pas l'apparition de revendications inédites.
«Il faut changer tout le système d'enseignement», expliquait ainsi Ilia, étudiant à la faculté de chimie de l'université Lemonossov, en tête d'une colonne étudiante protestant contre les dernières réformes du secteur. Le mouvement devient progressivement protéiforme et personne n'est capable d'en prédire l'issue.
«Il suffit que le pouvoir continue à se radicaliser et on aura la révolution», espère Oleg, gérant de magasins de chaussures. D'autres parient sur une chute des cours du pétrole - principale ressource de l'État russe - et une aggravation de la conjoncture économique, le tout conduisant à un «automne social» encore plus agité. Le leader du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, dont le domicile avait été perquisitionné lundi, a proposé l'organisation d'une nouvelle grande manifestation le 6 octobre et d'ici la, la conduite de «grèves politiques». En face, Vladimir Poutine a rejeté toute concession. En ce jour de fête nationale, le chef du Kremlin a jugé «inacceptable tout ce qui affaiblit le pays et divise la société».
Le Figaro par Pierre Avril publié le 12/06/2012