Camboya: la perpetuidad
confirmada para dos dirigentes khmers rojos
El número 2 del régimen y
el ex jefe de Estado estaban acusados de crímenes de lesa humanidad. Cerca de
dos millones de personas murieron entre 1975 y 1979. La ONU estima que este veredicto
constituye un mensaje para los dirigentes de Corea del Norte.
Los ex líderes khmers rojos
son verdaderamente culpables de crímenes de lesa humanidad. Nuon Chea, apodado “hermano
número 2”, considerado como el ideólogo del régimen, y Khieu Samphân, ex jefe
de Estado, vieron la apelación de su condena a perpetuidad rechazada por el
tribunal especial de Phnom Penh, en Camboya.
El juez estimó que a pesar
de los errores cometidos por la corte en primera instancia, ellos eran
verdaderamente culpables de la muerte de casi dos millones de personas a fines
de los años 70. El magistrado señaló durante la lectura del veredicto que los
dos acusados habían tenido una “falta total de consideración por la suerte del
pueblo camboyano” estimando que la extensión de sus crímenes era “considerable”.
La perpetuidad es la pena máxima en Camboya, la pena de muerte no está en vigor.
Un cuarto de la población
Estos dos siniestros
personajes tuvieron un papel principal en la delirante empresa mortífera que se
transformó Camboya, entre 1975 y 1979. Durante tres años, ocho meses y veinte
días, bajo las órdenes de la Angkar (la organización), el país padeció una de
las transformaciones más radicales y mortíferas que conoció la sociedad humana.
El país cambió de nombre para devenir en la Kampuchea democrática. El sistema
monetario fue abolido, monedas y billetes no tenían más ningún valor. La célula
familiar fue aniquilada. La religión budista, barrida. La población fue
separada en dos categorías, Los campesinos de un lado, considerados como puros
y no corrompidos, calificados de “pueblo antiguo”; los citadinos y los
intelectuales del otro, considerados como sospechosos de oficio, designados
bajo la expresión de “pueblo nuevo” y particularmente perseguidos por los
verdugos del régimen.
En abril de 1975, la población
de Phnom Penh aún no estaba al corriente de las prácticas de los khmers rojos. Cuando
los vieron adueñarse de la capital, no dudaron de lo que les esperaba y
recibieron a los vencedores con un cierto entusiasmo, muda por la esperanza de
una próxima detención de los combates. Harán falta pocas horas para
desilusionarse. Los enfermos son sacados de los hospitales para ser sacados de
la ciudad, luego es el turno del resto de los habitantes. Dos millones de
personas son evacuadas de la capital, transformada en una ciudad fantasma. Ellos
son dirigidos hacia el campo para participar del esfuerzo de producción del
gigantesco campo de trabajo en que se transformó el país. Estimamos que en
total un cuarto de la población del país murió a causa de los malos tratos, de
torturas, de hambre o ejecutadas sumariamente.
“Un mensaje para el mundo
entero”
Juzgados por esa
evacuación de Phnom Penh, crimen de lesa humanidad, asesinatos, persecuciones
políticas y otros actos inhumanos, Nuon Chea y Khieu Samphân aseguraron no
estar al corriente de esas atrocidades. El tribunal juzgó que si ellos no
podían ser tenidos directamente como responsables de la evacuación de la
capital, por falta de pruebas suficientes, eran verdaderamente culpables por su
posición jerárquica. Este fallo a medias tintas hizo decir a la defensa que el
tribunal buscaba ante todo condenar a los ex dirigentes, sin preocuparse por
descubrir la verdad. Los dos acusados permanecieron impasibles durante la
lectura del veredicto. Deberán ser juzgados en un nuevo proceso por hechos de
genocidio, de casamientos forzados y de violencias sexuales. El veredicto es
esperado para el fin del año 2017.
Este fallo tendría un
valor simbólico, Nuon Chea y Khieu Samphân son los últimos altos dirigentes en
el poder en ser aún juzgados. El “hermano número 1”, Pol Pot, verdadero líder
del régimen, murió en 1998 sin haber sido molestado. Douch, director de la prisión
S21 de Phnom Penh donde 15.000 personas fueron torturadas antes de ser
abatidas, fue condenado a prisión perpetua en 2012. Detenido y acusado de
genocidio, Ieng Sary, “hermano número 3”, ministro de Asuntos extranjeros, murió
en la cárcel. Su mujer, Ieng Thirith, detenida al mismo tiempo y también
acusada de crímenes de lesa humanidad, nunca fue juzgada a causa de padecer Alzheimer.
Fue liberada y murió en 2015.
La condena de Nuon Chea y
Khieu Samphân “es un mensaje a los dirigentes del mundo entero, que son, al
final, tenidos como responsables por los crímenes cometidos bajo su dirección,
estima David Scheffer, enviado del Secretario general de la ONU para el
tribunal. Los dirigentes de Corea del Norte en particular deberán tomar nota de
lo que pasó aquí hoy”.
Fuente: Le Figaro por
Julien Licourt publicado el 23/11/2016
Cambodge: la perpétuité
confirmée pour deux dirigeants Khmers rouges
Le numéro 2 du régime et
l'ancien chef de l'État étaient accusés de crimes contre l'humanité. Près de
deux millions de personnes sont mortes entre 1975 et 1979. L'ONU estime que ce
verdict constitue un message pour les dirigeants de Corée du Nord.
Les anciens leaders Khmers
rouges sont bien coupables de crimes contre l'humanité. Nuon Chea, surnommé
«frère numéro 2», considéré comme l'idéologue du régime, et Khieu Samphân,
ancien chef de l'État, ont vu l'appel de leur condamnation à perpétuité rejeté
par le tribunal spécial de Phnom Penh, au Cambodge.
Le juge a estimé qu'en
dépit des erreurs commises par la cour en première instance, ils étaient bien
coupables de la mort de près de deux millions de personnes à la fin des années
70. Le magistrat a souligné lors de l'énoncé du verdict que les deux accusés
avaient eu un «manque complet de considération pour le sort du peuple
cambodgien» estimant que l'étendue de leur crime était «considérable». La perpétuité
est la peine maximale au Cambodge, la peine de mort n'étant pas en vigueur.
Un quart de la population
Ces deux sinistres
personnages ont tenu un rôle de premier plan dans la délirante entreprise
meurtrière qu'est devenu le Cambodge, entre 1975 et 1979. Pendant trois ans,
huit mois et vingt jours, sous les ordres de l'Angkar (l'organisation), le pays
a subi l'une des transformations les plus radicales et meurtrières qu'ait connu
une société humaine. Le pays a changé de nom pour devenir le Kampuchéa
démocratique. Le système monétaire a été aboli, pièces et billets n'y avaient
plus aucune valeur. La cellule familiale a été anéantie. La religion
bouddhiste, balayée. La population a été séparée en deux catégories. Les ruraux
d'un côté, considérés comme purs et non-corrompus, qualifiés de «peuple ancien»
; les urbains et les intellectuels de l'autre, considérés comme suspects
d'office, désignés sous l'expression de «peuple nouveau» et particulièrement
persécutés par les boureaux du régime.
En avril 1975, la
population de Phnom Penh n'est pas encore au courant des pratiques des Khmers
rouges. Lorsqu'elle les voient s'emparer de la capitale, elle ne se doute pas
de ce qui l'attend et accueille les vainqueurs avec un certain enthousiasme,
mue par l'espoir d'un arrêt prochain des combats. Il ne lui faudra que quelques
heures pour déchanter. Les malades sont sortis des hôpitaux pour être sortis de
la ville, puis c'est au tour du reste des habitants. Deux millions de personnes
sont évacuées de la capitale, devenue ville fantôme. Elles sont dirigées vers
la campagne pour participer à l'effort de production du gigantesque camp de
travail qu'est devenu le pays. On estime qu'au total un quart de la population
du pays est morte à cause de mauvais traitements, de tortures, de la faim ou
sommairement exécutée.
«Un message pour le monde
entier»
Jugés pour cette
évacuation de Phnom Penh, crime contre l'humanité, meurtres, persécutions
politiques et autres actes inhumains, Nuon Chea et Khieu Samphân assuraient ne
pas être au courant de ces atrocités. Le tribunal a jugé que s'ils ne pouvaient
être tenus directement responsables de l'évacuation de la capitale, faute de
preuves suffisantes, ils étaient bien coupables de part leur position
hierarchique. Ce jugement en demi-teinte fait dire à la défense que le tribunal
cherchait avant tout à condamner les ex-dignitaires, sans se soucier de
découvrir la vérité. Les deux accusés sont restés impassibles lors de la
lecture du verdict. Ils devront être jugés dans un nouveau procès pour des
faits de génocide, de mariage forcé et de violences sexuelles. Le verdict est
attendu pour la fin de l'année 2017.
Ce jugement avaient une
valeur symbolique, Nuon Chea et Khieu Samphân étant les derniers hauts
dirigeants à pouvoir être encore jugés. Le «frère numéro 1», Pol Pot, véritable
leader du régime, est mort en 1998 sans avoir été inquiété. Douch, directeur de
la prison S21 de Phnom Penh où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être
abattues, a été condamné à la prison à vie en 2012. Arrêté et accusé de
génocide, Ieng Sary, «frère numéro 3», ministre des Affaires étrangères, est
mort en prison. Sa femme, Ieng Thirith, arrêtée en même temps et également
accusée de crime contre l'humanité, n'a jamais été jugée en raison de sa maladie
d'Alzheimer. Elle a été relâchée et est morte en 2015.
La condamnation de Nuon
Chea et Khieu Samphân «est un message aux dirigeants du monde entier, qu'ils
sont, in fine, tenus responsables pour les crimes commis sous leur direction,
estime David Scheffer, envoyé du secrétaire général de l'ONU auprès du
tribunal. Les dirigeants de la Corée du Nord en particulier devraient prendre
note de ce qui s'est passé ici aujourd'hui».
Le Figaro par Julien Licourt Publié le 23/11/2016