Genocidio armenio: cien
años de silencio
La voz del papa Francisco
cuenta. Así como todas las voces, vengan de Francia o de otras partes, cuando
se trata de reconocer el genocidio armenio. Hablamos aquí de un plan metódico
de asesinatos de masa, que dos cifras lo resumen: 2.133.190 armenios presentes
en el Imperio otomano en 1914, 387.800 en 1922. Hace setenta años, Alemania,
vencida y liberada del régimen nazi, se aprestaba a juzgar a sus antiguos
exterminadores principales.
El 12 de diciembre de
1945, Chavarche Missakian, director de Haratch (En Avant), el diario armenio de
París, escribía: “Seguimos el proceso de Nuremberg y nuestro espíritu nos lanza
hacia un mundo lejano, donde se cometió hace treinta años un crimen de la misma
especie... ¡Si aunque sea se pudiera haber juzgado y castigado a los autores de
genocidio!”.
Dentro de unos días, todo
un pueblo celebrará el centenario de esta barbarie, pero Turquía, se niega
siempre a cumplir su examen de conciencia. La reacción ultrajada de Ankara
después de las declaraciones del Papa lo demuestra: el régimen turco se
complace con la regresión. Como si la mentira, repetida de generación en
generación desde hace cien años, y perpetuada en los manuales escolares, está
sellada en la historia del país.
Sin embargo, el año pasado,
el gobierno de Erdogan había consentido a presentarles sus condolencias a las
víctimas. Un gesto ciertamente insuficiente a los ojos de sus descendientes,
pero el esbozo del primer paso para terminar con este largo silencio devenido
insoportable. “Los acontecimientos tales como la Shoah y los grandes crímenes
del siglo XX, situados en los límites de la representatividad, se levantan en
nombre de todos los acontecimientos que dejaron su impronta traumática sobre
los corazones y sobre los cuerpos: protestan que estuvieron y a este título
piden ser nombrados, contados, comprendidos”, explica el filósofo Paul Ricœur.
Es tiempo para las autoridades turcas de decir las palabras. O mejor una simple
palabra.
Fuente: Le Huffington Post
por Éric Chol 16/04/2015
Génocide arménien: cent
ans de silence
La voix du pape François
compte. Comme toutes les voix, qu'elles viennent de France ou d'ailleurs, quand
il s'agit de reconnaître le génocide arménien. On parle ici d'un plan
méthodique de meurtres de masse, que deux chiffres résument: 2.133.190
Arméniens présents dans l'Empire ottoman en 1914, 387.800 en 1922. Il y a
soixante-dix ans, l'Allemagne, vaincue et débarrassée du régime nazi,
s'apprêtait à juger ses anciens maîtres exterminateurs.
Le 12 décembre 1945,
Chavarche Missakian, directeur de Haratch (En avant), le quotidien arménien de
Paris, écrivait: "Nous suivons le procès de Nuremberg et notre esprit nous
tire vers un monde lointain, où s'est commis il y a trente ans un crime de la
même espèce... Si seulement pouvaient être jugés et punis les auteurs de
génocide!".
Dans quelques jours, tout
un peuple célébrera le centenaire de cette barbarie, mais la Turquie, elle,
refuse toujours d'accomplir son examen de conscience. La réaction outragée
d'Ankara après les propos du pape en témoigne: le régime turc se complaît dans
la régression. Comme si le mensonge, répété de génération en génération depuis
cent ans, et perpétué dans les manuels scolaires, était scellé dans l'histoire
du pays.
L'an dernier, le
gouvernement d'Erdogan avait pourtant consenti à présenter ses condoléances aux
victimes. Un geste certes insuffisant aux yeux de leurs descendants, mais
l'esquisse d'un premier pas pour en finir avec ce long silence devenu
insupportable. "Les événements tels la Shoah et les grands crimes du XXe
siècle, situés aux limites de la représentation, se dressent au nom de tous les
événements qui ont laissé leur empreinte traumatique sur les cœurs et sur les
corps: ils protestent qu'ils ont été et à ce titre ils demandent à être dits,
racontés, compris", explique le philosophe Paul Ricœur. Il est temps pour
les autorités turques de dire les mots. Ou plutôt un simple mot.
Le Huffington Post par Éric
Chol 16/04/2015