Sin Turquía, Daech no
existiría
Ankara durante mucho
tiempo apoyó económica y militarmente al Estado Islámico. Las pruebas hoy son
innegables.
En Afganistán, los
talibanes tenían el apoyo encubierto de Pakistán, en Siria y en Irak, Daech
tenía el de Turquía. En los dos casos, uno de los principales aliados de las
coaliciones constituidas para combatir a los islamistas juega y jugaba un doble
juego. La prueba del juego sucio llevado a cabo por Ankara fue aportada hace
varios meses en el momento de la famosa incursión realizada por las fuerzas
especiales norteamericanas contra Abu Sayyaf en Siria en mayo.
Abu Sayyaf, que fue
abatido durante la incursión, era uno de los principales dirigentes del Estado
Islámico y en cierto modo su ministro de Economía. Los documentos encontrados durante
la operación muestran claramente que estaba en relación directa con
funcionarios turcos, explica The Guardian. Abu Sayyaf tenía particularmente la
responsabilidad de la venta para Daech en el mercado negro del petróleo y el
gas y que representaban rentas que podían alcanzar los 10 millones de dólares
al día.
Los documentos y discos
duros informáticos obtenidos en el momento de la incursión revelan de modo
"muy claro" e "innegable" los lazos que existen entre Turquía
y Daech y esto podría tener profundas consecuencias en las relaciones entre
Ankara y sus aliados occidentales. Esto explica sin dudas la decisión tomada
finalmente por Turquía de lanzar ataques contra Daech, incluso si su
intervención militar es dirigida ante todo contra los kurdos que luchan contra
Daech. “Los turcos no cambiaron de mentalidad, es simplemente una reacción a
las presiones de los norteamericanos y de los otros” explica un diplomático a The
Guardian.
“Turquía creó un monstruo”
Miembro de la OTAN,
Turquía es acusada desde hace tiempo por los expertos, los kurdos e incluso por
el vicepresidente norteamericano Joe Biden, en lo que fue considerado entonces
como una torpeza diplomática, de no hacer nada para impedir el aprovisionamiento
de armas y de combatientes voluntarios de Daech a través de su frontera siria.
Pero la complicidad y la
colaboración alcanzaron niveles mucho más importantes que lo imaginado
anteriormente. En noviembre de 2014, un ex combatiente de Daech explicaba que
el Estado Islámico consideraba a Turquía como un aliado. “Los comandantes de
Daech nos dijeron no tener nada que temer porque la cooperación era total con los
turcos… Daech consideraba al ejército turco como su aliado, y principalmente
cuando se trataba de atacar a los kurdos en Siria”.
Turquía cayó en su propia
trampa. Es lo que explicaba un diplomático occidental al Wall Street Journal a
principios de año: “Turquía creó un monstruo y no sabe cómo desembarazarse de él”.
Fuente: Slate por Eric
Leser 02.08.2015
Sans la Turquie, Daech
n’existerait pas
Ankara a longtemps soutenu
économiquement et militairement l'Etat islamique. Les preuves aujourd'hui sont
indéniables.
En Afghanistan, les
talibans avaient le soutien caché du Pakistan, en Syrie et en Irak, Daech avait
celui de la Turquie. Dans les deux cas, l’un des principaux alliés des
coalitions constituées pour combattre les islamistes joue et jouait un double
jeu. La preuve du jeu trouble mené par Ankara a été apportée il y a plusieurs
mois lors du fameux raid mené par les forces spéciales américaines contre Abou
Sayyaf en Syrie en mai.
Abou Sayyaf, qui a été tué
lors du raid, était l’un des principaux dirigeants de l’Etat islamique et en
quelque sorte son ministre des finances. Les documents trouvés lors de l’opération
montrent clairement qu’il était en relation directe avec des officiels turcs
explique le Guardian. Abou Sayyaf avait notamment la responsabilité de la vente
pour Daech sur le marché noir de pétrole et du gaz ce qui représentait des
revenus pouvant atteindre 10 millions de dollars par jour.
Les documents et disques
durs informatiques saisis lors du raid révèlent de façon «très claire» et
«indéniable» les liens existant entre la Turquie et Daech et cela pourrait
avoir de profondes conséquences sur les relations entre Ankara et ses alliés
occidentaux. Cela explique sans doute la décision prise finalement par la
Turquie de lancer des attaques contre Daech même si son intervention militaire
est avant tout dirigée contre les kurdes… qui luttent contre Daech. «Les Turcs
n’ont pas changé d’état d’esprit, c’est simplement une réaction aux pressions
des Américains et des autres» explique un diplomate au Guardian.
«La turquie a créé un
monstre»
Membre de l’OTAN, la
Turquie est accusée depuis longtemps par les experts, les kurdes et même le
vice-président américain Joe Biden, dans ce qui était considéré alors comme une
gaffe diplomatique, de ne rien faire pour empêcher l’approvisionnement en armes
et en combattant volontaires de Daech à travers sa frontière syrienne.
Mais la complicité et la
collaboration a atteint des niveaux bien plus importants qu’imaginé auparavant.
En novembre 2014, un ancien combattant de Daech expliquait que l’Etat islamique
considérait la Turquie comme un allié. «Les commandants de Daech nous ont dit
de ne rien avoir à craindre car la coopération était totale avec les turcs…
Daech considérait l’armée turque comme son allié plus particulièrement quand il
s’agissait d’attaquer les kurdes en Syrie».
La Turquie s’est ainsi
piégée elle-même. C'est ce qu’expliquait un diplomate occidental au Wall Street
Journal au début de l’année: «la Turquie a créé un monstre et ne sait plus
comment s’en débarrasser».
Slate par Eric Leser 02.08.2015