viernes, 20 de marzo de 2015

En un contexto complejo de inminente guerra civil, el grupo terrorista Daech/EI reinvindica una serie de atentados en la capital de Yemen


Yemen: el Estado Islámico reivindica el sangriento ataque de las mezquitas de Sanaa

La organización terrorista Estado Islámico (EI) reivindicó los ataques de dos mezquitas chiítas de Sanaa, la capital de Yemen, el viernes 20 de marzo. Las explosiones, que se produjeron durante la gran oración del viernes, provocaron al menos 142 muertos, según la Agencia France-Presse. También cientos de personas resultaron heridas.
Una primera bomba explotó en la mezquita Badr, en el sur de Sanaa, luego otra a la entrada del edificio en el momento en que los fieles escapaban. El tercer ataque fue dirigido contra la mezquita Al-Hashahush, en el norte de la ciudad. Alfombras de oración ensangrentadas, cuerpos des,e,brados que yacen unos contra otros… las imágenes demuestran la amplitud de la carnicería. Según la televisión Al-Massira, controlada por los huthis, los milicianos chiítas que tomaron el poder en Sanaa en enero, los hospitales de la capital reclaman con urgencia dadores de sangre.

El acta de nacimiento del EI en Yemen

El EI también reivindicó un cuarto ataque suicida, que no provocó víctimas, delante de una mezquita en Saada, la región de origen de la milicia huthista en el norte del país. Nacida de una escisión de Al-Qaeda en la Península Arábiga (AQPA), la más poderosa franquicia de Al-Qaeda, la rama yemenita del grupo jihadista muy activo en Irak y en Siria no había sido señalada hasta ahora más que por ataques menores de puestos de control de fuerzas de seguridad o de milicianos huthistas en la región de Dhamar, a 100 km de la capital. Si esta reivindicación fuera confirmada, los atentados de Sanaa y de Saada este viernes marcarían, por su amplitud, la entrada de la organización terrorista en la escena yemenita.
Grupos nacidos de AQPA habían anunciado su lealtad al EI entre noviembre y febrero, en un contexto de empoderamiento de las milicias huthistas en el país. Al-Qaeda y los nuevos jihadistas se oponen principalmente a su visión del mundo chiíta: el EI lo considera como el enemigo prioritario, mientras el AQPA privilegia los ataques contra el mundo occidental y los regímenes autoritarios árabes que lo apoyan. Además, en estos últimos meses hubo disensiones en el seno del AQPA frente a los violentos combates que enfrentan al EI con Al-Qaeda en Siria. Pero esta escisión ilustra también la actual división de Yemen, librada a la arbitrariedad de los clanes y de los grupos armados, y a la creciente sectarización de estos conflictos, chiítas contra sunnitas.
Los atentados del viernes son los más mortíferos desde la explosión de un coche bomba delante de la academia de policía de la capital, que había dejado como saldo 37 muertos y 66 heridos, el 7 de enero, mientras la ciudad todavía no había caído completamente en manos de los huthistas.

Riesgo de guerra civil

El país está sumergido en una crisis sin precedentes desde que los huthistas, apoyados masivamente por Irán, irrumpieron en septiembre de 2014 en la capital, y luego extendieron su influencia hacia el oeste y el centro del país. Tomaron el palacio presidencial en enero, forzando a dimitir al presidente Abd Rabbo Mansour Hadi. Este último, que aún es considerado por la comunidad internacional como el jefe de Estado de Yemen, fue un tiempo puesto en detención domiciliaria. Luego huyó de Sanaa para instalarse en Adén.
El jueves, en este puerto del sur del país, violentos combates estallaron por el control del aeropuerto internacional. El jefe de Estado debió ser evacuado hacia un lugar seguro: un avión de combate había sobrevolado dos veces su palacio. Los combates enfrentaban a los partidarios de Hadi a unidades de las fuerzas especiales, dirigidas por un oficial rebelde, aliado de los huthistas. El general Sakkaf, que rechaza una orden de destitución de Hadi, está a la cabeza de una unidad de fuerzas especiales que cuenta con 1.000 o 2.000 hombres fuertemente armados. La situación estaba tranquila el viernes, en esta ciudad donde las fuerzas leales reforzaron su control multiplicando los puestos camineros.
Si los huthistas encontraron poca resistencia por parte de las fuerzas gubernamentales, es completamente de otro modo con el AQPA, que reivindicó desde septiembre numerosos atentados contra los huthistas. Las esperanzas suscitadas por la apertura de un diálogo destinado a sacar a Yemen de la crisis, apadrinado por la Organización de las Naciones Unidas, están casi muertas, y los observadores invocan un riesgo de guerra civil.

Fuente: Le Monde 20.03.2015



Yémen: l'Etat islamique revendique l'attaque sanglante des mosquées de Sanaa

L'organisation terroriste Etat islamique (EI) a revendiqué les attaques de deux mosquées chiites de Sanaa, la capitale du Yémen, vendredi 20 mars. Les explosions, qui se sont produites lors de la grande prière du vendredi, ont fait au moins 142 morts, selon l'Agence France-Presse. Des centaines de personnes ont également été blessées.
Une première bombe a explosé dans la mosquée Badr, dans le sud de Sanaa, puis une autre à l'entrée de l'édifice au moment où les fidèles prenaient la fuite. La troisième attaque a visé la mosquée Al-Hashahush, dans le nord de la ville. Des tapis de prière ensanglantés, des corps déchiquetés gisant les uns à côte des autres… les images témoignent de l'ampleur du carnage. D'après la télévision Al-Massira, contrôlée par les houthistes, des miliciens chiites qui ont pris le pouvoir à Sanaa en janvier, les hôpitaux de la capitale réclament en urgence des dons de sang.

L'acte de naissance de l'EI au Yémen

L'EI a également revendiqué une quatrième attaque-suicide, qui n'a pas fait de victime, devant une mosquée à Saada, la région d'origine de la milice houthiste dans le nord du pays. Née d'une scission d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la plus puissante franchise d'Al-Qaida, la branche yéménite du groupe djihadiste très actif en Irak et en Syrie ne s'était signalée jusqu'ici que par des attaques mineures de postes de contrôle de forces de sécurité ou de miliciens houthistes dans la région de Dhamar, à 100 km de la capitale. Si cette revendication était confirmée, les attentats de Sanaa et de Saada ce vendredi marqueraient, par leur ampleur, l'entrée de l'organisation terroriste sur la scène yéménite.
Des groupes issus d'AQPA avaient annoncé leur allégeance à l'EI entre novembre et février, dans un contexte de montée en puissance des milices houthistes dans le pays. Al-Qaida et les nouveaux djihadistes s'opposent notamment sur leur vision du monde chiite: l'EI le considère comme l'ennemi prioritaire, quand AQPA privilégie les attaques contre le monde occidental et les régimes autoritaires arabes qu'il soutient. De plus, des dissensions se sont fait jour ces derniers mois au sein d'AQPA face aux violents combats qui opposent l'EI et Al-Qaida en Syrie. Mais cette scission illustre aussi le morcellement actuel du Yémen, livré à l'arbitraire des clans et des groupes armés, et à la sectarisation croissante de ces conflits, chiites contre sunnites.
Les attentats de vendredi sont les plus meurtriers depuis l'explosion d'une voiture piégée devant l'académie de police de la capitale, qui avait fait 37 morts et 66 blessés, le 7 janvier, alors que la ville n'était pas encore totalement tombée aux mains des houthistes.

Risque de guerre civile

Le pays est plongé dans une crise sans précédent depuis que les houthistes, massivement soutenus par l'Iran, ont déferlé en septembre 2014 dans la capitale, puis ont étendu leur influence vers l'ouest et le centre du pays. Ils ont pris le palais présidentiel en janvier, poussant à la démission le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier, qui est toujours considéré par la communauté internationale comme le chef de l'Etat du Yémen, a été un temps assigné à résidence. Il a depuis fui Sanaa pour s'installer à Aden.
Jeudi, dans ce port du sud du pays, d'âpres combats ont éclaté pour le contrôle de l'aéroport international. Le chef de l'Etat a dû être évacué vers un lieu sûr: un avion de combat avait survolé à deux reprises son palais. Les combats opposaient les partisans de M. Hadi à des unités des forces spéciales, dirigées par un officier rebelle, allié aux houthistes. Le général Sakkaf, qui refuse un ordre de limogeage de M. Hadi, est à la tête d'une unité des forces spéciales comptant 1 000 à 2 000 hommes lourdement armés. La situation était calme vendredi, dans cette ville où les forces loyalistes ont renforcé leur contrôle en multipliant les barrages routiers.
Si les houthistes ont rencontré peu de résistance de la part des forces gouvernementales, il en va tout autrement avec AQPA, qui a revendiqué depuis septembre de nombreux attentats contre les houthistes. Les espoirs suscités par l'ouverture d'un dialogue destiné à sortir le Yémen de la crise, parrainé par l'Organisation des Nations unies, sont quasi morts, et les observateurs évoquent un risque de guerre civile.

Le Monde 20.03.2015