miércoles, 26 de enero de 2011

El descontento se hace oír y miles de egipcios desafían la prohibición de manifestarse contra el régimen de Mubarak.

«Si Mubarak cae, el caos está asegurado»

Hosni Mubarak reina ininterrumpidamente Egipto desde hace 30 años. Le Figaro descubre las ruedas de un régimen autoritario contra el cual la calle se rebela hoy.

En octubre próximo, Hosni Mubarak habrá pasado treinta a la cabeza de Egipto. Presidente omnipotente, hasta no se ha dignado, durante estas tres décadas, a sumar un vicepresidente como lo hacían sus predecesores. ¿Ahora, que miles de egipcios desafían la prohibición del régimen de manifestar contra el jefe de Estado, en el qué descansa el poder de uno de los dirigentes más antiguos del mundo?
«Siempre hubo críticas contra Mubarak, pero se hacen más exacerbadas con el tiempo. No obstante, seríamos culpables de comparar la impopularidad de Mubarak con la de Ben Ali», estima Jean-Noël Ferrié, director de investigaciones del CNRS.
Hosni Mubarak llegó al poder luego del asesinato de Sadat en 1981. Militar de carrera, héroe de la guerra de 1973, goza del apoyo del ejército, elemento clave del régimen. «Es poco probable que los manifestantes puedan derrocarlo sin tener que enfrentar primero a los militares», subraya el especialista. Mubarak debería poder contar con el apoyo del ejército que, muy enriquecido, controla numerosas sociedades y no desea ver sus ventajas vueltas a poner en discusión.

Los Hermanos Musulmanes demonizados.

En cuanto a la escena política, queda atrapada. Las elecciones legislativas de noviembre de 2010 mostraron que el PND (Partido demócrata nacional), partido casi único dirigido por Mubarak, no estaba dispuesto a hacerle un sitio más grande a la oposición. Mientras que las elecciones precedentes de 2005, un poco más abiertas que lo ordinario, habían sido marcadas por un aumento inesperado de votos dirigidos a los Hermanos musulmanes (islamistas), con 88 asientos, el escrutinio reciente fue la ocasión para el PND de ajustar los relojes. El balance: la primera vuelta ha sido mancillada por inmensos fraudes señalados por la mayoría de los partidos de la oposición, con esa situación los Hermanos Musulmanes decidieron retirarse. El reverso de la medalla, el PND dispone a continuación de una mayoría tan confortable, 494 asientos sobre 508, que genera incomodidad hasta en ciertos miembros del partido.
«El régimen no soportó los votos obtenidos por los islamistas en 2005, esto lo puso enfermo», analiza Jean-Noël Ferrié. Los Hermanos Musulmanes son la bestia “negra” del régimen. «Ellos lo asustan porque dan la impresión de formar un bloque importante y no están dispuestos a volver a comprometerse con el PND». A este título, la Hermandad, que supo seducir al pueblo organizando una red de asociaciones benéficas para llenar los huecos dejados por el Estado, es regularmente víctima de detenciones. «El gobierno los mantiene bajo presión, para que no intenten ir demasiado lejos», explica Jean-Noël Ferrié.
Entre el PND y los Hermanos Musulmanes, Mubarak procuró erradicar toda forma de fuerza política alternativa creíble. «Como todos los regímenes autoritarios, practicó la política de la tierra arrasada. Si Mubarak fracasa, no será reemplazado forzosamente por los Hermanos Musulmanes. Pero seguramente será un caos», analiza Jean-Noël Ferrié.
Esta ausencia de oposición permite también a Mubarak asegurarse el apoyo de las grandes potencias internacionales. El presidente egipcio centra su discurso sobre la amenaza de los Hermanos Musulmanes, para dar la impresión a los occidentales de que él es la única alternativa posible. «Nadie lo desea: ni los europeos, que no están dispuestos a aceptar a extremistas religiosos en el poder, ni los norteamericanos que quieren mantener una situación apaciguada entre Egipto e Israel».

El desafío de la sucesión.

Comprobamos por otra parte un endurecimiento del poder en previsión de la sucesión de Mubarak, que tiene 83 años. Las transiciones son períodos siempre delicados para los regímenes autoritarios. Si parece probable que el raïs pretenda un sexto mandato en septiembre próximo, varios expertos creen sin embargo que no irá por otro período al cabo de éste, e intentará hacer aceptar a su hijo Gamal en su lugar. Este último encarna una rama reformadora y liberal del PND, pero podría sufrir de no tener ascendencia en las filas del ejército. «Si los egipcios deciden no aceptar a Gamal, nada puede predecir si el ejército aceptará volverse contra la calle para imponerlo», analiza Jean-Noël Ferrié.

Fuente: Pauline Fréour para Le Figaro 26.01.2011


«Si Moubarak tombe, ce sera le chaos assuré»

Hosni Moubarak règne sans partage sur l'Egypte depuis 30 ans. Le Figaro décrypte les rouages d'un régime autoritaire contre lequel la rue se retourne désormais.

En octobre prochain, Hosni Moubarak aura passé trente à la tête de l'Egypte. Président omnipotent, il n'aura même pas daigné, pendant ces trois décennies, s'adjoindre un vice-président comme le faisaient ses prédécesseurs. A l'heure où des milliers d'Egyptiens bravent l'interdiction du régime de manifester contre le chef de l'Etat, sur quoi repose le pouvoir de l'un des plus anciens dirigeants du monde?
«Il y a toujours eu des critiques contre Moubarak, mais elles deviennent plus acerbes avec le temps. Toutefois, on aurait tort de comparer l'impopularité de Moubarak avec celle de Ben Ali», estime Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS.
Hosni Moubarak est arrivé au pouvoir à l'issue de l'assassinat de Sadate en 1981. Militaire de formation, héros de la guerre de 1973, il jouit du soutien de l'armée, élément-clé du régime. «Il est peu probable que les manifestants puissent le renverser sans avoir à affronter d'abord les militaires», souligne le spécialiste. Moubarak devrait d'autant plus pouvoir compter sur l'armée que celle-ci, très riche, contrôle de nombreuses sociétés et ne souhaite pas voir ses avantages remis en cause.

Les Frères musulmans diabolisés.

Quant à la scène politique, elle reste verrouillée. Les législatives de novembre 2010 ont montré que le PND (Parti national démocrate), parti quasi unique dirigé par Moubarak, n'était pas prêt à faire une place plus grande à l'opposition. Alors que les élections précédentes de 2005, un peu plus ouvertes que d'ordinaire, avaient été marquées par un score inattendu des Frères musulmans (islamistes), avec 88 sièges, le récent scrutin a été l'occasion pour le PND de remettre les pendules à l'heure. Bilan: le premier tour a été entaché de telles fraudes que les plupart des partis de l'opposition, dont les Frères musulmans, ont décidé de se retirer. Versant de la médaille, le PND dispose désormais d'une majorité si confortable - 494 sièges sur 508 que cela indispose même certains membres du parti.
«Le régime n'a pas supporté les scores des islamistes en 2005, ça l'a tétanisé», analyse Jean-Noël Ferrié. Les Frères musulmans sont la bête noire historique du régime. «Ils l'effraient car ils donnent l'impression de former un bloc important et ne sont pas prêts à rentrer dans un jeu de compromission avec le PND». A ce titre, la Confrérie, qui a su séduire le peuple en organisant un réseau d'associations caritatives pour combler les lacunes de l'Etat, est régulièrement victime d'arrestations. «Le gouvernement les maintient sous pression, pour qu'ils ne soient pas tentés d'aller trop loin», explique Jean-Noël Ferrié.
Entre le PND et les Frères musulmans, Moubarak a fait en sorte d'éradiquer toute forme de force politique alternative crédible. «Comme tous les régimes autoritaires, il a pratiqué la politique de la terre brûlée. Si Moubarak chute, il ne sera pas forcément remplacé par les Frères musulmans. Mais ce sera le chaos assuré», analyse Jean-Noël Ferrié.
Cette absence d'opposition permet aussi à Moubarak de s'assurer du soutien des grandes puissances internationales. Le président égyptien centre son discours sur la menace des Frères musulmans, pour donner l'impression aux Occidentaux qu'il est la seule alternative possible. «Et personne ne le souhaite: ni les Européens, qui ne sont pas prêts à accepter des extrémistes religieux au pouvoir, ni les Américains qui veulent maintenir une situation apaisée entre l'Egypte et Israël».

Le défi de la succession.

On constate par ailleurs un durcissement du pouvoir en prévision de la succession de Moubarak, qui affiche 83 ans. Les transitions sont des périodes toujours délicates pour les régimes autoritaires. S'il semble probable que le raïs brigue un sixième mandat en septembre prochain, plusieurs experts pensent néanmoins qu'il n'ira pas au bout de celui-ci et tentera de faire accepter son fils Gamal à la place. Ce dernier incarne une branche réformatrice et libérale du PND, mais il pourrait souffrir de ne pas être issu des rangs de l'armée. «Si les Egyptiens décident de ne pas accepter Gamal, rien ne prédit que l'armée acceptera de se retourner contre la rue pour l'imposer», analyse Jean-Noël Ferrié.

Le Figaro par Pauline Fréour 26.01.2011